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les mille nuits et une nuit

moyennant cent dinars ! » Et moi, sur l’heure, je comptai les cent dinars d’or et les lui remis. Et la jeune Franque vint chez moi pour la seconde fois, Mais moi, devant la beauté du ciel nu, j’eus les mêmes scrupules, et je ne tirai pas plus parti de cette nouvelle entrevue que de la première, et m’abstins de la jouvencelle en toute chasteté. Et elle, dans un violent dépit, se leva d’à côté de moi, sortit et s’en alla.

Or moi, le lendemain, derechef, comme elle passait devant ma boutique, je sentis en moi les mêmes mouvements, et mon cœur palpita, et j’allai trouver la vieille et lui parlai de la chose. Mais elle me regarda avec colère et me dit : « Par le Messie, ô musulman ! est-ce ainsi qu’on traite les vierges dans ta religion ? Jamais plus tu ne pourras te réjouir d’elle, à moins toutefois que tu ne veuilles cette fois me donner cinq cents dinars ! » Puis elle s’en alla.

Moi donc, tout tremblant d’émotion, et la flamme d’amour brûlant en moi, je résolus de réunir le prix de tout mon lin, et de sacrifier pour ma vie les cinq cents dinars d’or. Et, les ayant serrés dans une toile, je m’apprêtais à les porter à la vieille, quand soudain…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.