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les mille nuits et une nuit

« Or çà, pourrais-tu, moyennant un cadeau pour toi, me procurer une jouissance avec elle ? » La vieille me répondit : « Je pourrai te procurer une rencontre pour que tu en jouisses, mais c’est à condition que la chose reste secrète entre nous trois, moi, toi et elle ; et, en outre, tu consentiras à mettre en œuvre quelque argent ! » Je répondis : « Ô secourable tante, si mon âme et ma vie devaient être le prix de ses faveurs, je lui donnerais mon âme et ma vie. Mais pour ce qui est de l’argent, ce n’est pas une grosse affaire ! » Et je tombai d’accord avec elle pour lui donner, en courtage, la somme de cinquante dinars ; et je les lui comptai sur l’heure. Et, l’affaire ayant été conclue de la sorte, la vieille me quitta pour aller parler à la jeune fille, et revint bientôt avec une réponse favorable. Puis elle me dit : « O mon maître, cette adolescente n’a point de lieu pour de pareilles rencontres, car elle est encore vierge de sa personne, et ne connaît rien à ces sortes de choses. Il faut donc que tu la reçoives dans ta maison, où elle viendra te trouver et demeurera jusqu’au matin ! » Et moi j’acceptai avec ferveur, et m’en allai à la maison apprêter tout ce qu’il fallait, en fait de mets, de boissons et de pâtisseries. Et je restai à attendre.

Et je vis bientôt arriver la jeune fille franque, et je lui ouvris, et la fis entrer dans ma maison. Et comme c’était la saison d’été, j’avais tout apprêté sur la terrasse. Et je la fis s’asseoir à mes côtés, et je mangeai et je bus avec elle. Et la maison où je logeais touchait la mer ; et la terrasse était belle au clair de lune, et la nuit était pleine d’étoiles qui se réfléchissaient dans l’eau. Et moi, regardant tout