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le fellah d’égypte et ses enfants blancs
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Or, un jour que j’étais à vendre mon lin, une jeune fille franque, le visage découvert et la tête sans voile, selon la coutume des Franques, vint acheter chez moi. Et elle se tenait là, devant moi, belle, blanche et jolie ; et je pouvais à mon aise admirer ses charmes et sa fraîcheur. Et plus je regardais son visage, plus l’amour envahissait ma raison ! Et je tardais beaucoup à lui vendre le lin…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT CINQUANTE-DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

… Et je tardais beaucoup à lui vendre le lin. Enfin, je fis le paquet, et le lui cédai à très bon compte. Et elle s’en alla, suivie de mes regards.

Or, quelques jours après, elle revint m’acheter du lin, et je le lui vendis à meilleur compte encore que la première fois, sans la laisser me le marchander. Et elle comprit que j’étais amoureux d’elle, et elle s’en alla ; mais ce fut pour revenir, peu de temps après, accompagnée d’une vieille femme qui resta là, pendant la vente, et qui revint ensuite avec elle chaque fois qu’elle avait besoin de faire un achat.

Moi alors, comme l’amour s’était tout à fait emparé de mon cœur, je pris la vieille à part et lui dis :