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la soirée d’hiver d’ishak de mossoul
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« Ordonne-lui de chanter, que je l’entende ! » Je dis : « Pourquoi chanterait-elle, puisque tu en as déjà assez de ce que tu as entendu ? » Il dit : « Qu’elle chante tout de même ! » Alors l’adolescente, mon amie, prit le luth, mais bien à contre-cœur, et, après avoir préludé savamment, chanta de son mieux. Mais le vieux mendiant l’interrompit soudain et dit : « Tu as encore beaucoup à apprendre ! » Et mon amie, furieuse, jeta le luth loin d’elle, et voulut se lever. Et je ne réussis à la retenir qu’à grand’peine, et en me jetant à ses genoux. Puis je me tournai vers le mendiant aveugle, et lui dis : « Par Allah, ô mon hôte, notre âme ne peut donner plus que sa capacité ! Pourtant, nous avons fait de notre mieux pour te satisfaire. À ton tour maintenant d’exhiber ce que tu possèdes, par manière de politesse ! » Il sourit d’une oreille à l’autre, et me dit…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT CINQUANTE-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… Il sourit d’une oreille à l’autre, et me dit : « Alors, commence par m’apporter un luth qu’aucune main n’ait encore touché ! » Et moi j’allai ouvrir une caisse, et lui apportai un luth tout neuf que je lui mis entre