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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT CINQUANTIÈME NUIT

Elle dit :

« … je serais allé moi-même à ta recherche, tant ce soir mon esprit travaillait à ton sujet ! » Puis je me tournai vers mon esclave et lui dis : « Va vite chercher de l’eau chaude et des essences ! » Et l’esclave, ayant exécuté mon ordre, je me mis à laver moi-même les pieds de mon amie, et lui versai dessus un flacon d’essence de roses. Après quoi je l’habillai d’une belle robe en mousseline de soie verte, et la fis s’asseoir à côté de moi près du plateau des fruits et des boissons. Et lorsqu’elle eut bu avec moi plusieurs fois dans la coupe, je voulus, pour lui plaire, moi qui d’ordinaire ne consens à chanter qu’après force prières et supplications, lui chanter un nouvel air que j’avais composé. Mais elle me dit que son âme n’avait pas envie de m’entendre. Et je lui dis : « Alors, ô ma maîtresse, daigne toi-même nous chanter quelque chose ! » Elle répondit : « Pas davantage ! Car mon âme ne le souhaite pas ! » Je dis : « Pourtant, ô mon œil, la joie ne saurait être complète sans le chant et la musique ! Qu’en penses-tu ? » Elle me dit : « Tu as raison ! Mais ce soir, je ne sais pourquoi, je n’ai guère envie d’entendre chanter qu’un homme du peuple, ou quelque mendiant de la