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histoire de fleur-de-grenade…
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la brise de sa patrie, se hâta de descendre dans l’appartement où, depuis sa disparition, se tenait sa mère, Fleur-de-Grenade, pleurant en silence et portant son deuil secrètement en son âme, pour ne point se trahir et tenter de la sorte les usurpateurs. Et il souleva le rideau de la salle, où se trouvaient précisément, en visite chez la reine, la vieille grand’mère Sauterelle, le roi Saleh, et les cousines. Et il entra, en souhaitant la paix à l’assistance, et courut se jeter dans les bras de sa mère, qui, en le voyant, tomba évanouie de joie et de saisissement. Mais elle ne tarda pas à reprendre ses sens, et, serrant son fils contre sa poitrine, elle pleura longtemps, toute secouée de sanglots, tandis que les cousines embrassaient les pieds de leur cousin, et que la grand’mère le tenait par une main et l’oncle Saleh par l’autre main. Et ils restèrent ainsi, dans la joie du retour, sans pouvoir prononcer une parole.

Mais lorsqu’il leur fut enfin permis de s’épancher en paroles, ils se racontèrent mutuellement leurs diverses aventures, et bénirent ensemble Allah le Bienfaiteur qui avait permis leur salut à tous et leur réunion.

Après quoi, Sourire-de-Lune se tourna vers sa mère et sa grand’mère et leur dit : « Il ne me reste plus maintenant qu’à me marier ! Et je persiste à ne vouloir me marier qu’avec la princesse Gemme, fille de Salamandre ! Car, en vérité, c’est une vraie gemme comme l’indique son nom ! » Et la vieille grand’mère répondit : « La chose, ô mon enfant, nous est maintenant aisée, car nous tenons toujours le père prisonnier dans son palais. » Et elle envoya