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les mille nuits et une nuit

quarante jours, à ses amants qu’elle les transforme en ces animaux à quatre pieds qui remplissent l’île. Mais toi, mon enfant, garde-toi bien de toucher au gâteau qu’elle te présentera ! Tâche, au contraire, de lui faire avaler un morceau de celui que je te donne ! Puis fais-lui exactement ce qu’elle aura essayé de te faire, en fait de sorcellerie, en prononçant sur elle les mêmes paroles qu’elle aura prononcées sur toi. Et, de la sorte, tu la changeras en tel animal qu’il te plaira ! Et tu la monteras et tu viendras me trouver. Et alors je saurai ce qu’il me restera à faire. » Et Sourire-de-Lune, après avoir remercié le cheikh de l’affection et de l’intérêt qu’il lui portait, le quitta et retourna au palais de la magicienne.

Et il trouva Almanakh qui l’attendait dans le jardin, assise devant une nappe servie, au milieu de laquelle, sur un plateau, se trouvait la galette préparée à minuit. Et, comme elle se plaignait de son absence, il lui dit : « Ô ma maîtresse, comme il y avait longtemps que je n’avais vu mon oncle, je suis allé lui rendre visite ; et il m’a reçu avec effusion et m’a servi à manger ; et, entre autres choses excellentes, il y avait des gâteaux si délicieux que je n’ai pu m’empêcher de t’en apporter un, pour te le faire goûter ! » Et il tira le petit paquet, dégagea le gâteau, et la pria d’en manger un morceau. Et Almanakh, pour ne pas le désobliger, rompit le gâteau et prit un morceau qu’elle avala. Puis, à son tour, elle offrit du sien à Sourire-de-Lune qui, pour ne pas la désobliger, en prit un morceau, mais, tout en faisant semblant de l’avaler, le fit glisser dans l’ouverture de son vêtement.