Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 9, trad Mardrus, 1902.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de fleur-de-grenade…
217

nakh, l’enchanteresse, ne serait pas désagréable du tout, n’était l’abus qu’elle fait de celui que le sort lui donne comme amant.

« Pour moi, elle me redoute et me respecte, parce qu’elle sait que je suis plus versé qu’elle dans l’art de la sorcellerie et des enchantements. Seulement moi, mon fils, comme je suis un croyant en Allah et en son Prophète (sur Lui la prière et la paix !), je ne me sers point de la magie pour faire le mal ! Car le mal finit toujours par se tourner contre le malfaiteur  ! »

Or, à peine le vieux cheikh avait-il dit ces paroles, que de son côté s’avança un magnifique cortège de mille adolescentes comme des lunes, habillées de pourpre et d’or, qui vinrent se ranger en deux lignes le long de la boutique pour faire place à une adolescente plus belle qu’elles toutes, montée sur un cheval arabe étincelant de pierreries. Et c’était la reine Almanakh elle-même, la magicienne. Et elle s’arrêta devant la boutique, mit pied à terre, aidée par les deux esclaves qui tenaient la bride, et entra chez le vieux cheikh, qu’elle salua avec beaucoup de déférence. Puis elle s’assit sur le divan et, les yeux à demi-fermés, regarda Sourire-de-Lune. Et quel regard…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.