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histoire de fleur-de-grenade…
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ses filets de chasse. Et l’oiseleur, charmé par l’aspect magnifique de ce gros oiseau qui n’avait point de pareil et dont le bec rouge et les pieds rouges tranchaient d’une façon si jolie sur la blancheur du plumage, se réjouit fort de pouvoir posséder un tel oiseau dont l’espèce lui était tout à fait inconnue. Il prit donc toutes ses précautions et, avec une adresse lente, il s’approcha derrière lui et d’un coup subtil lança sur lui son filet et le captura. Et, riche de cette belle pièce de gibier, il retourna à la ville d’où il était venu, en portant délicatement par les pattes le grand oiseau sur son épaule.

Et l’oiseleur, en arrivant en ville, se dit : « Par Allah ! moi, de ma vie, je n’ai vu un oiseau pareil à celui-ci, pas plus dans mes chasses sur terre que sur mer. Aussi je me garderai bien de le vendre à un acheteur ordinaire, qui ne peut en connaître ni le prix ni la valeur, et qui probablement le tuera et avec sa famille le mangera ; mais je vais aller le porter en cadeau au roi de la ville, qui s’émerveillera de sa beauté, et m’en dommagera précieusement ! » Et il alla au palais et le porta au roi qui, à sa vue, fut charmé à l’extrême, et admira surtout la belle couleur rouge du bec et des ailes. Et il l’accepta et donna dix dinars d’or à l’oiseleur qui embrassa la terre et s’en alla.

Alors le roi fit faire une grande cage avec un treillis en or, et y enferma le bel oiseau. Et il mit devant lui des grains de maïs et de blé, mais l’oiseau n’y porta point le bec. Et le roi, étonné, se dit : « Il n’en mange pas ! Je vais lui porter autre chose ! » Et il le fit sortir de la cage et mit devant lui du blanc de poulet,