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les mille nuits et une nuit

et grésillait comme sur un cendrier rempli de charbons ardents !

Or, il se garda bien de dire le moindre mot à ce sujet à sa mère et à son oncle, et il se retira de bonne heure et passa seul toute cette nuit-là en proie à ce tourment si nouveau pour lui ; et il réfléchit, lui aussi, au meilleur moyen d’arriver le plus promptement au but de ses désirs. Et il n’est point utile de dire qu’il resta, jusqu’au matin, sans pouvoir fermer l’œil un instant.

Aussi, dès l’aube, il se leva et alla réveiller son oncle Saleh, qui avait passé la nuit au palais, et lui dit : « Ô mon oncle, je désire aller ce matin me promener sur le rivage, car ma poitrine est rétrécie, et l’air de la mer la dilatera. Je te prie donc de m’accompagner dans ma promenade ! » Et le prince Saleh répondit : « Entendre, c’est obéir ! » Et il sauta sur ses deux pieds, et sortit avec son neveu sur le rivage.

Longtemps ils marchèrent ensemble, sans que Sourire-de-Lune adressât la parole à son oncle. Et il était pâle, avec des larmes dans le coin des yeux. Mais soudain il s’arrêta et, s’étant assis sur un rocher, il improvisa ces vers et les chanta, en regardant la mer :

« Si l’on me dit,
Au milieu de l’incendie,
Alors que flambe mon cœur,
Si l’on me dit :

— « La voir, préfères-tu,
Ou boire une gorgée