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les mille nuits et une nuit

cesse et de son père ! » Il dit : « C’est la princesse Gemme, fille du roi Salamandre le marin. »

En entendant ce nom, Fleur-de-Grenade s’écria : « Ah ! je me souviens maintenant de cette princesse Gemme ! Quand je vivais encore dans la mer, c’était une enfant d’un an à peine, mais belle entre toutes les petites de son âge. Comme elle doit être devenue merveilleuse, depuis ! » Saleh répondit : « Merveilleuse, elle l’est, en vérité, et ni sur la terre ni dans les royaumes de dessous les eaux on n’a vu pareille beauté ! Oh ! ma sœur, qu’elle est délicieuse et gentille et douce et savoureuse et charmante ! Et un teint ! Et des cheveux ! Et des yeux ! Et une taille ! Et une croupe, heu ! lourde, tendre et ferme à la fois et nonchalante, et ronde de tous les côtés sans exception ! Si elle se balance, elle fait envie au rameau du bân ! Si elle se tourne, les antilopes et les gazelles se cachent ! Si elle se découvre, elle rend honteux le soleil et la lune ! Si elle bouge, elle renverse ! Si elle appuie, elle tue ! Et si elle s’assied, sa trace est si profonde qu’elle ne s’en va plus ! Comment alors, si brillante et si parfaite, ne s’appellerait-elle pas Gemme ? » Et Fleur-de-Grenade répondit : « Certes ! de lui avoir donné ce nom, que sa mère a été bien inspirée d’Allah l’Omniscient ! Voilà vraiment celle qui convient, comme épouse, à mon fils Sourire-de-Lune ! »

Tout cela ! Et Sourire-de-Lune feignait de dormir, mais se délectait en son âme et se trémoussait en pensée de l’espoir de posséder bientôt cette princesse marine si pesante et si fine !

Mais Saleh bientôt ajoutait : « Seulement, ô ma