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histoire de fleur-de-grenade…
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MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT TRENTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

« … je ne puis te parler de cette jeune fille devant lui : j’ai des motifs pour prendre cette précaution ! »

Alors Fleur-de-Grenade s’approcha de son fils et le tâta et le palpa et l’écouta respirer ; et, comme il avait l’air d’être plongé dans un pesant sommeil, car il avait mangé d’un plat d’oignons qu’il affectionnait beaucoup et qui lui procurait d’ordinaire une sieste très lourde, elle dit à Saleh : « Il dort ! Tu peux sortir ce que tu as ! » Il dit : « Sache donc, ô ma sœur, que si je prends cette précaution, c’est que j’ai à te parler maintenant d’une princesse de la mer qui est extrêmement difficile à obtenir en mariage, non point à cause d’elle, mais à cause du roi, son père. Aussi il n’est guère utile que mon neveu entende parler d’elle, avant que nous soyons sûrs de l’affaire ; car l’amour, ô ma sœur, tu le sais, se transmet plus souvent par l’oreille que par les yeux, chez nous, musulmans, dont les femmes et les filles ont le visage couvert du voile pudique. » Et la reine dit : « Ô mon frère, tu as raison ! car l’amour est d’abord un jet de miel qui ne tarde pas à se transformer en une vaste mer salée de perdition ! Mais hâte-toi, de grâce ! de me dire le nom de cette prin-