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les mille nuits et une nuit

filles de notre pays, car il y a si longtemps que j’ai quitté la mer, que je ne me souviens plus de celles qui sont belles et de celles qui sont laides ! » Alors Saleh se mit à énumérer à sa sœur les plus belles princesses de la mer, l’une après l’autre, en pesant soigneusement leurs qualités, et le pour et le contre, et les avantages et les désavantages. Et, chaque fois, la reine Fleur-de-Grenade répondait : « Ah ! non, je ne veux pas de celle-ci, à cause de sa mère, ni de celle-ci à cause de son père, ni de celle-ci à cause de sa tante dont la langue est très longue, ni de celle-là à cause de sa grand’mère qui sent mauvais, ni de celle-là à cause de son ambition et de son œil vide ! » et ainsi de suite, refusant toutes les princesses que Saleh lui énumérait.

Alors Saleh lui dit : « Ô ma sœur, tu as raison d’être difficile dans le choix d’une épouse pour ton fils qui n’a point son pareil sur la terre et sous la mer ! Mais je t’ai déjà énuméré toutes les jeunes filles disponibles, et il ne m’en reste plus qu’une seule à te proposer ! » Puis il s’arrêta et, hésitant, il dit : « Il faut auparavant que je m’assure si mon neveu est bien endormi ; car je ne puis te parler de cette jeune fille devant lui : j’ai des motifs pour prendre cette précaution…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.