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histoire de fleur-de-grenade…
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bien et sont dans la tranquillité et le contentement, et il ne leur manque que la vue de ton visage et du visage de mon neveu le roi Sourire-de-Lune ! » Et ils se mirent à causer de choses et d’autres, en mangeant des noisettes et des pistaches ; et le prince Saleh en vint à parler, avec de grandes louanges, des qualités de son neveu Sourire-de-Lune, de sa beauté, de ses charmes, de ses proportions, de ses manières exquises, de son adresse dans les tournois, et de sa sagesse. Et le roi Sourire-de-Lune, qui était là, étendu sur le divan et la tête appuyée sur les coussins, entendant ce que disaient de lui sa mère et son oncle, ne voulut pas avoir l’air de les écouter, et feignit de dormir. Et de la sorte il put entendre commodément ce qu’ils continuaient à dire sur son compte.

En effet, le prince Saleh, voyant son neveu endormi, parla plus librement à sa sœur Fleur-de-Grenade, et lui dit : « Tu oublies, ma sœur, que ton fils va bientôt avoir dix-sept ans, et qu’à cet âge il faut bien songer à marier les enfants ! Or, moi, le voyant si beau et si fort, et sachant qu’à son âge on a des besoins qu’il faut satisfaire d’une façon ou d’une autre, j’ai bien peur qu’il ne lui arrive des choses désagréables. Il est donc de toute nécessité de le marier, en lui trouvant parmi les Filles de la mer une princesse qui lui soit égale en charmes et en beauté ! » Et Fleur-de-Grenade répondit : « Certes ! tel est aussi mon intime désir, car je n’ai qu’un fils, et il est temps qu’il ait, lui aussi, un héritier au trône de ses pères ! Je te prie donc, ô mon frère, de rappeler à ma mémoire les jeunes