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les mille nuits et une nuit

sinées sur ses joues éclatantes, vous êtes un chapelet de grains de musc éclairés par une lampe qui brûle dans les ténèbres  !

Aussi le roi qui aimait son fils d’un très grand amour et qui voyait en lui tant de qualités royales, voulut, se sentant lui-même vieillir et approcher du terme de son destin, lui assurer de son vivant la succession au trône. Dans ce but, il convoqua ses vizirs et les grands de son empire, qui savaient combien le jeune prince était en tous points digne de lui succéder, et leur fit prêter le serment d’obéissance à leur nouveau roi  ; puis il descendit devant eux du trône, ôta la couronne de dessus sa tête et la mit de ses propres mains sur la tête de son fils Sourire-de-Lune  ; et il le soutint par les aisselles et le fit monter et s’asseoir sur le trône à sa place  ; et, pour bien marquer qu’il lui remettait désormais toute son autorité et son pouvoir, il embrassa la terre entre ses mains et, se relevant, il lui baisa la main et le pan de son manteau royal, et descendit se placer au-dessous de lui, à droite, tandis que, à gauche, se tenaient les vizirs et les émirs.

Aussitôt le nouveau roi Sourire-de-Lune se mit à juger, à régler les affaires pendantes, à nommer aux emplois ceux qui méritaient une faveur, à destituer les prévaricateurs, à défendre les droits du faible contre le fort et ceux du pauvre contre le riche, et à s’occuper de la justice avec tant de sagesse, d’équité et de discernement qu’il émerveilla son père, et les vieux vizirs de son père, et tous les assistants. Et il ne leva le diwân qu’à midi seulement.