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LES MILLE NUITS ET UNE NUIT



HISTOIRE D’ABOU-KIR ET D’ABOU-SIR


Schahrazade dit :

Il m’est revenu, ô Roi fortuné, qu’il y avait autrefois dans la ville d’Iskandaria deux hommes dont l’un était teinturier et s’appelait Abou-Kir, et l’autre était barbier et s’appelait Abou-Sir. Et ils étaient voisins l’un de l’autre dans le souk, car leurs boutiques se touchaient porte à porte.

Or, le teinturier Abou-Kir était un insigne fripon, un menteur tout à fait détestable, une crapule ! Tellement ! Ses tempes devaient à coup sûr avoir été taillées dans quelque irréductible granit et sa tête façonnée avec les cailloux des marches de quelque église de Juifs, sans aucun doute ! Sinon comment lui serait-elle venue, cette audace sans vergogne dans les méfaits et toutes les vilenies ? Il avait coutume, entre diverses escroqueries, de faire payer d’avance la plupart de ses clients, sous prétexte qu’il avait be-