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les mille nuits et une nuit

le petit était aussi tranquille que s’il était sur le sein de sa mère, et il souriait comme la lune à son quatorzième jour.

À cette vue, le roi fut tout à fait tranquillisé et émerveillé ; et le prince Saleh lui dit : « Sans doute, ô roi, tu as dû ressentir une grande frayeur en me voyant sauter et plonger dans la mer avec le petit ? » Et le roi répondit : « Certes ! ô fils de l’oncle, mon épouvante a été extrême, et j’avais même désespéré de le revoir jamais sain et sauf ! » Le prince Saleh dit : « Sois désormais sans crainte à son sujet, car il est pour toujours à l’abri des dangers de l’eau, de la noyade, de l’étouffement, du mouillage et autres choses semblables, et il peut, toute sa vie durant, plonger dans la mer et s’y promener à son aise ; car je lui ai fait acquérir le même privilège qu’à nos propres enfants nés dans la mer, et cela en lui frottant les cils et les paupières avec un certain kohl que je connais, et en prononçant sur lui les Paroles mystérieuses gravées sur le sceau de Soleïmân ben-Daoûd (sur eux deux la paix et la prière !)

Après ce discours, le prince Saleh remit le petit à sa mère, qui lui donna à téter ; puis il tira de sa ceinture un sac dont l’ouverture était scellée, en fit sauter le cachet, et, l’ayant ouvert, il le prit par le fond et en versa le contenu sur le tapis. Et le roi vit scintiller des diamants gros comme des œufs de pigeon, des bâtons d’émeraude de la longueur d’un demi-pied, des filets de grosses perles, des rubis d’une couleur et d’une taille extraordinaires, et toutes sortes de joyaux plus merveilleux les uns que les autres. Et toutes ces pierreries lançaient mille