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les mille nuits et une nuit

sangloter le jour et la nuit, de toute la douleur cuisante de ta séparation ! Ô Gul-i-anar ! vois comme notre visage est amaigri et jauni de tristesse ! » Et Fleur-de-Grenade, à ces paroles, baisa la main de sa mère et de son frère, le prince Saleh, et embrassa de nouveau ses cousines chéries, et leur dit à tous : « Certes ! j’ai commis une grande faute envers votre tendresse, en partant sans vous prévenir ! Mais que peut-on contre la destinée ? Réjouissons-nous maintenant de nous retrouver, et rendons-en grâces à Allah le Bienfaiteur ! » Puis elle les fit tous s’asseoir auprès d’elle, et leur raconta toute son histoire depuis le commencement jusqu’à la fin ! Mais il est inutile de la répéter. Puis elle ajouta : « Et maintenant que je suis mariée à ce roi excellent et parfait à la limite des perfections, qui m’aime et que j’aime, et qui m’a rendue enceinte, je vous ai fait venir pour me réconcilier avec vous et vous prier de m’assister dans mes couches. Car je n’ai point confiance dans les sages-femmes terriennes qui ne comprennent rien aux accouchements des Filles de la mer ! » Alors dame Sauterelle, sa mère, répondit : « Ô ma fille, en te voyant dans ce palais d’un prince de la terre, nous avons eu bien peur que tu ne fusses malheureuse ; et nous étions prêtes à te presser de nous suivre dans notre patrie ; car tu sais notre amour pour toi et le degré d’affection et d’estime où nous te tenons, et notre désir de te savoir heureuse, tranquille et sans soucis ! Mais du moment que tu nous affirmes que tu es heureuse, que pourrions-nous pour toi souhaiter de meilleur ?