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histoire de fleur-de-grenade…
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lune, beau et de belle taille, et semblable, quant au visage et à l’élégance, à Fleur-de-Grenade, sa sœur ; et ses joues étaient blanches et roses, et ses cheveux et ses moustaches naissantes étaient d’un vert de mer ; et, comme dit le poète, il était plus merveilleux que la lune elle-même, car si la lune a pour demeure ordinaire un seul signe du ciel, cet adolescent habite indistinctement dans tous les cœurs ! Après quoi il sortit de la mer une vieille très ancienne, aux cheveux blancs, qui était dame Sauterelle, mère de l’adolescent et de Fleur-de-Grenade. Et elle fut immédiatement suivie de cinq jeunes filles comme des lunes, qui avaient une certaine ressemblance avec Fleur-de-Grenade, dont elles étaient les cousines. Et l’adolescent et les six femmes marchèrent sur la mer, et s’avancèrent à pied sec jusque sous les fenêtres du pavillon. Et là ils prirent leur élan et sautèrent avec légèreté l’un après l’autre sur la fenêtre où leur était apparue Fleur-de-Grenade qui s’effaça à temps pour les laisser entrer.

Alors le prince Saleh et sa mère et ses cousines se jetèrent au cou de Fleur-de-Grenade, et l’embrassèrent avec effusion en pleurant de joie de l’avoir retrouvée, et lui dirent : « Ô Gul-i-anar, comment as-tu pu avoir le cœur de nous quitter et de nous tenir pendant quatre ans sans nouvelles de ta part et sans même nous indiquer l’endroit où tu te trouvais ? Ouallah ! le monde s’est rétréci sur nous, tant nous étions accablés de la douleur de ta séparation ! Et nous n’éprouvions plus de plaisir à manger et à boire, car tous les aliments étaient devenus insipides à notre goût ! Et nous ne savions que pleurer et