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les mille nuits et une nuit

« … et mes cousines, aidées par ma mère, veilleront à la sûreté de mes couches et prendront soin du nouveau-né, héritier de ton trône ! »

En entendant ces paroles, le roi, émerveillé, s’écria : « Ô Fleur-de-Grenade, tes désirs sont ma règle de conduite, et je suis l’esclave qui obéit aux ordres de sa maîtresse ! Mais, dis-moi, ô merveilleuse, comment vas-tu pouvoir en si peu de temps aviser ta mère, ton frère et tes cousines, et les faire venir avant tes couches dont le moment est si proche ? En tout cas, je tiens à le savoir au plus tôt, pour tâcher de faire les préparatifs nécessaires et de les recevoir avec tous les honneurs qu’ils méritent ! » Et la jeune reine répondit : « Ô mon maître, il n’est guère besoin entre nous de cérémonies ! Et d’ailleurs mes parents vont être ici dans un instant. Et si tu tiens à voir de quelle manière ils vont arriver, tu n’as qu’à entrer dans cette chambre voisine de la mienne, et à me regarder et à regarder aussi par les fenêtres qui donnent sur la mer. »

Aussitôt le roi Schahramân entra dans la chambre voisine, et regarda avec attention aussi bien ce qu’allait faire Fleur-de-Grenade que ce qui allait se produire sur la mer.

Et Fleur-de-Grenade tira de son sein deux morceaux de bois d’aloès des Îles Comores, les mit dans une cassolette d’or, et les alluma. Et dès que s’en dégagea la fumée, elle lança un sifflement long et aigü, et prononça sur la cassolette des paroles inconnues et des formules conjuratoires. Et, au même moment, la mer se troubla et s’agita, puis s’entr’ouvrit, et il en sortit d’abord un adolescent comme la