Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 9, trad Mardrus, 1902.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
les mille nuits et une nuit

pendant tout ce temps. Mais en voyant que ton cœur m’aimait vraiment et que tu avais délaissé pour moi toutes tes favorites, je commençai à être gagnée par tes bonnes manières ; et, me voyant enfin enceinte de toi, je finis par t’aimer, et je laissai de côté toute idée de m’échapper désormais et de sauter dans la mer, ma patrie. Et d’ailleurs de quel œil et de quelle audace pourrais-je le faire maintenant que je suis enceinte et que ma mère et mon frère, en me voyant dans cet état et en apprenant mon union avec un homme de la terre, risqueraient de mourir de chagrin, et ne me croiraient pas si je leur disais que je suis devenue la reine de la Perse et du Khorassân. et l’épouse du plus magnanime des sultans ! Et voilà ce que j’avais à te dire, ô roi Schahramân ! Ouassalam…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin, et discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT TRENTIÈME NUIT

Elle dit :

« … Et voilà ce que j’avais à te dire, ô roi Schahramân ! Ouassalam ! »

À ce discours, le roi embrassa son épouse entre les yeux, et lui dit : « Ô charmante Fleur-de-Grenade, ô native de la mer, ô merveilleuse, ô princesse,