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les mille nuits et une nuit

Alors le roi, qui n’attendait que ce moment, pénétra chez elle. Mais il fut bien surpris de voir qu’elle ne se levait pas en son honneur et ne faisait pas plus de cas de lui que s’il n’était pas là. Et il pensa en lui-même : « Elle a dû être élevée par des gens qui ne lui ont pas appris les bonnes manières ! » Et il la regarda mieux, et il ne pensa plus à son manque de politesse, tant il fut charmé de sa beauté et de son visage qui était un rond de lune ou un lever de soleil dans un ciel serein. Et il dit : « Gloire à Allah qui a créé la beauté pour les yeux de ses serviteurs ! » Puis il s’assit près de l’adolescente, et la pressa tendrement sur sa poitrine. Ensuite il la prit sur ses genoux et la baisa sur les lèvres, et savoura sa salive qu’il trouva plus douce que le miel. Mais elle ne disait pas un mot et se laissait faire sans opposer de résistance ni montrer d’empressement. Et le roi fit servir dans la chambre un festin magnifique, et se mit lui-même à lui donner à manger et à lui porter les bouchées aux lèvres. Et, entre temps, il l’interrogeait doucement sur son nom et son pays. Mais elle restait silencieuse, sans prononcer une parole, et sans lever la tête pour regarder le roi, qui la trouvait si belle qu’il ne pouvait se résoudre à se mettre en colère contre elle. Et il pensa : « Peut-être est-elle muette ! Mais il est impossible que le Créateur ait formé une pareille beauté pour la priver de la parole ! Ce serait une imperfection indigne des doigts du Créateur ! » Puis il appela les servantes pour se faire verser de l’eau sur les mains ; et il profita du moment où elles lui présentaient l’aiguière et le bassin pour leur demander à voix basse : « Pen-