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histoire du jeune homme jaune
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mettre au jeune esclave la récompense promise de cent mille dinars. Et le jeune esclave se retira en appelant sur moi les bénédictions.

« Après quoi le cheikh Taher entra d’abord seul chez sa fille pour lui annoncer, sans brusquerie, mon arrivée. Il lui dit donc : « Je t’annonce, ô ma fille, la bonne nouvelle ! Si tu veux consentir à manger un morceau et à aller prendre un bain au hammam, je te ferai revoir aujourd’hui même Aboul-Hassan ! » Elle s’écria : « Ô père, est-ce vrai ce que tu dis ? » Il répondit : « Par Allah le Très-Glorieux, ce que je te dis est vrai ! » Alors elle s’écria : « Ouallahi ! Si je vois son visage, je n’aurai plus besoin de manger ou de boire ! » Alors le vieillard se tourna vers la porte, derrière laquelle je me tenais, et me cria : « Entre, ya Aboul-Hassan ! » Et j’entrai.

« Or, ô mes hôtes, dès qu’elle m’eut aperçu et reconnu, elle tomba en pâmoison, et fut longtemps avant de recouvrer ses sens. Elle put enfin se relever, et, au milieu des pleurs de joie et des rires, nous nous jetâmes dans les bras l’un de l’autre, et nous restâmes longtemps embrassés, à la limite de l’émotion et de la félicité. Et lorsque nous pûmes faire attention à ce qui se passait autour de nous, nous vîmes au milieu de la salle de réception le kâdi et les témoins, que le cheikh avait mandés en toute hâte, et qui écrivirent notre contrat de mariage, séance tenante. Et on célébra nos noces avec un déploiement de faste inouï, au milieu de réjouissances qui durèrent trente jours et trente nuits.

« Et depuis ce temps-là, ô mes hôtes, la fille du cheikh Taher est mon épouse chérie. Et c’est elle que