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les mille nuits et une nuit

tenant sur le point de rendre le dernier soupir ! »

« Alors moi, l’âme déchirée de douleur, je demandai à l’enfant : « Et le cheikh Taher, comment va-t-il, lui ? » Il répondit : « Il a été de tout cela dans un tel chagrin et un tel découragement, qu’il a vendu les adolescentes et les jeunes garçons, et s’est repenti amèrement devant Allah le Très-Haut ! » Alors je dis au jeune esclave : « Veux-tu que je t’indique où se trouve Aboul-Hassan Al-Omani ? Qu’en diras-tu ? » Il répondit : « Par Allah sur toi, ô mon frère, fais-le ! Et tu auras rendu une amante à la vie, une fille à son père, un amoureux à son amie, et tu auras tiré de la pauvreté ton esclave et les parents et ton esclave ! » Alors je lui dis : « Va donc trouver ton maître, le cheikh Taher, et dis-lui : « Tu me dois la récompense promise, pour la bonne nouvelle ! Car à la porte de ta maison se trouve, en personne, Aboul-Hassan Al-Omani ! »

« À ces paroles, le jeune esclave s’envola avec la rapidité du mulet échappé du moulin ; et, en un clin d’œil, il revint accompagné du cheikh Taher, père de mon amie. Et comme il était changé ! Et qu’était devenu son teint si frais autrefois et si jeune malgré les années ? Il avait, en deux ans, vieilli de plus de vingt années. Pourtant il me reconnut aussitôt, et se jeta à mon cou et se mit à m’embrasser en pleurant, et me dit : « Ô mon maître, où étais-tu pendant cette longue absence ? Ma fille, à cause de toi, est proche du tombeau. Viens ! Entre avec moi dans ta maison ! » Et il me fit entrer, et commença par se jeter à genoux sur le sol en rendant grâces à Allah qui avait permis notre réunion ; et il se hâta de re-