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histoire du jeune homme jaune
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MAIS LORSQUE FUT
LA CINQ CENT VINGT-TROISIÈME NUIT

Elle dit :

« … Or, un jour que j’étais assis dans ma boutique, je vis entrer un étranger qui me souhaita la paix et qui, apercevant le morceau d’écaille, malgré la poussière dont il était recouvert, s’écria : « Loué soit Allah ! Je trouve enfin ce que je cherchais ! » Et il prit le morceau d’écaille, le porta à ses lèvres et à son front, et me dit : « Ô mon maître, veux-tu me vendre ceci ? » Je répondis : « Je veux bien ! » Il demanda : « Quel en est le prix ? » Je dis : « Combien en offres-tu, toi ? » Il répondit : « Vingt dinars d’or ! » Et moi, à ces paroles, je crus, tant la somme me paraissait considérable, que l’étranger se moquait de moi ; et je lui dis d’un ton fort désagréable : « Va t’en en ta voie ! » Alors il crut que je trouvais modique la somme, et me dit : « J’en offre cinquante dinars ! » Mais moi, de plus en plus convaincu qu’il riait de moi, non seulement je ne voulus point lui répondre, mais je ne le regardai même pas et fis semblant de ne plus remarquer sa présence, afin qu’il s’en allât. Alors il me dit : « Mille dinars ! »

Tout cela ! Et moi, ô mes hôtes, je ne répondais pas ; et lui, souriait de mon silence gros de fureur concentrée, et me disait : « Pourquoi ne veux-tu pas