Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 9, trad Mardrus, 1902.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
les mille nuits et une nuit

terrogea sur mon état. Et je lui racontai, sans omettre un détail, tout ce qui m’était arrivé. Et il me dit : « Ouallah ! ce ne sont pas les actes d’un homme sensé ! Mais maintenant, ce qui est passé est passé, que comptes-tu faire ? » Je répondis : « Je ne sais pas ! » Il me dit : « Veux-tu accepter de rester chez moi ? Et, puisque tu sais l’écriture, veux-tu écrire les entrées et sorties de mes fournitures, et toucher par jour comme salaire un drachme d’argent, sans compter ta nourriture et ta boisson ? » Et moi j’acceptai en le remerciant, et demeurai chez lui comme scribe pour les sorties ou entrées des ventes ou achats. Et je vécus de la sorte chez lui assez de temps pour mettre de côté la somme de cent dinars.

« Alors je louai pour mon propre compte un petit local, sur le bord de la mer, afin d’y attendre l’arrivée de quelque navire chargé de marchandises du loin, où m’acheter, avec mon argent, de quoi faire un chargement bon à vendre à Baghdad, où je voulais retourner, dans l’espoir de trouver l’occasion de revoir mon amie.

« Or, la chance voulut qu’un jour un navire vint du loin chargé de ces marchandises que j’attendais ; et moi, mêlé aux autres marchands, je me dirigeai vers le navire et montai à bord. Et voici que, du fond du navire, sortirent deux hommes qui s’assirent sur deux chaises et étalèrent devant nous leurs marchandises. Et quelles marchandises ! Et quel éblouissement des yeux ! Nous ne vîmes là rien que des joyaux, des perles, du corail, des rubis, des agates, des hyacinthes et des pierreries de toutes les couleurs ! Et alors l’un des deux hommes se tourna vers les