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histoire du jeune homme jaune
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« Or moi, je lui souhaitai la paix, et elle me rendit mon souhait, en me lançant des regards d’une langueur acérée, et me dit : « Amitié, aisance et générosité à l’hôte ! » Et elle me prit la main, ô mes maîtres, et me fit asseoir auprès d’elle ; et des jeunes filles aux beaux seins entrèrent et nous servirent, sur des plateaux, les rafraîchissements de la bienvenue, et des fruits exquis, des conserves de choix et un vin délicieux comme on n’en boit que dans les palais des rois ; et elles nous offrirent des roses et des jasmins, tandis qu’autour de nous les arbustes odoriférants et l’aloès qui brûlait dans les cassolettes d’or exhalaient leurs suaves parfums. Ensuite une des esclaves lui apporta un étui de satin dont elle tira un luth d’ivoire, qu’elle l’accorda, et elle chanta ces vers :

« Ne bois le vin que de la main d’un tendre jouvenceau ; car si le vin procure l’ivresse, le jouvenceau rend meilleur le vin.

Car le vin ne procure point de délices à celui qui le boit, à moins que l’échanson n’ait des joues où brillent de pures roses, candides et fraîches. »

« Or moi, ô mes hôtes, après ces préludes, je m’enhardis, et ma main devint audacieuse, et mes yeux et mes lèvres la dévoraient ; et je lui trouvai des qualités si extraordinaires de savoir et de beauté, que non seulement je passai avec elle le mois déjà payé, mais que je continuai à payer au vieillard blanc, son père, un mois après un autre mois, et ainsi de suite pendant un long espace de temps,