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les mille nuits et une nuit

écrits, avec des pistaches et des amandes, des vers à la louange des hôtes.

Et lorsqu’ils eurent mangé et bu, et qu’ils se furent lavé les mains, le maître du lieu leur demanda : « Ô mes hôtes, si maintenant vous m’avez honoré de votre présence pour me faire le plaisir de me demander quelque chose, parlez en toute confiance. Car vos désirs seront exécutés sur ma tête et mes yeux ! » Giafar répondit : « Certes, ô notre hôte, nous sommes entrés dans ta maison pour mieux entendre la voix admirable que nous entendions à demi et voilée, sur l’eau ! »

À ces paroles, le maître de la maison répondit : « Vous êtes les bienvenus ! » Et il frappa dans la paume de ses mains et dit aux esclaves accourus : « Dites à votre maîtresse Sett Jamila de nous chanter quelque chose ! » Et quelques instants après, derrière le grand rideau du fond, une voix à nulle autre pareille chanta avec l’accompagnement léger des luths et des cithares :

« Prends la coupe et bois de ce vin que j’offre à tes lèvres : il ne s’est jamais mélangé au cœur de l’homme !

Mais le temps fuit loin d’une amante qui se flatte en vain de revoir l’objet de son amour.

Combien de nuits j’ai passées, les regards fixés sur les ondes brunies du Tigre, sous la lune obscurcie par l’orage.

Combien de fois à l’occident j’ai vu la lune, au soir, disparaître dans les eaux pourpres sous la forme d’un glaive d’argent ! »