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HISTOIRE DU JEUNE HOMME JAUNE


Il est raconté, entre divers contes, ô Roi fortuné, que le khalifat Haroun Al-Rachid sortit une nuit de son palais avec son vizir Giafar, son vizir Al-Fazl, son favori Abou-Ishak, le poète Abou-Nowas, le porte-glaive Massrour et le capitaine de police Ahmad-la-Teigne. Et tous, déguisés en marchands, se dirigèrent vers le Tigre et descendirent dans une barque qu’ils laissèrent aller à l’aventure avec le courant de l’eau. Car Giafar, ayant vu le khalifat pris d’insomnie et l’esprit soucieux, lui avait dit que rien n’était plus efficace pour dissiper l’ennui que de voir ce que l’on n’a pas encore vu, d’entendre ce que l’on n’a pas encore entendu et de visiter un pays que l’on n’a pas encore parcouru.

Or, au bout d’un certain temps, comme la barque se trouvait sous les fenêtres d’une maison qui dominait le fleuve, ils entendirent à l’intérieur de la maison une voix belle et triste qui chantait ces vers en s’accompagnant sur le luth :

« Comme la coupe de vin était là et que dans le