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histoire d’abdallah de la terre…
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voudrions les cacher, que nous ne le pourrions pas, vu que nous n’avons point d’étoffes pour les couvrir ! » Il dit : « C’est juste ! Mais comment se font chez vous autres les mariages ? » Il dit : « Chez nous il ne se fait point de mariages, car nous n’avons point de lois qui fixent et régissent nos désirs et nos inclinations ; mais quand une adolescente nous plaît, nous la prenons ; et quand elle cesse de nous plaire, nous la laissons, et elle plaira à un autre ! D’ailleurs, nous ne sommes pas tous musulmans ; parmi nous il y a aussi beaucoup de chrétiens et de juifs ; et ces gens-là n’admettent pas le mariage fixe, car ils aiment beaucoup les femmes, et le mariage fixe les contrarie. Nous seuls, les musulmans, qui vivons à part dans une ville où ne pénètrent point les infidèles, nous nous marions d’après les préceptes du Livre, et nous célébrons des noces qui sont vues d’un bon œil par le Très-Haut et le Prophète (sur Lui la prière et la paix !) Mais, ô mon frère, je veux me hâter de te faire enfin arriver à notre ville ; car si je passais mille années à te montrer les spectacles de notre empire et les villes qui le peuplent, je n’aurais pas encore fini ma lâche, et tu n’aurais pas pu juger d’une mesure sur vingt-quatre mesures ! » Et le Terrien dit : « Oui, mon frère, d’autant plus que j’ai bien faim, et que je ne puis manger comme toi des poissons crus ! » Et le Maritime demanda : « Et comment alors mangez-vous les poissons, vous autres Terriens ? » Il répondit : « Nous les faisons griller ou frire dans l’huile d’olives ou l’huile de sésame ! » Le Maritime se mit à rire et dit : « Et comment ferions-nous, nous qui habitons dans l’eau, pour avoir de