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les mille nuits et une nuit

tenait lieu de croupe, de cuisses et de jambes. Or c’étaient les Filles de la Mer ! Et cette ville de cavernes vertes était leur domaine.

À cette vue, le Terrien demanda au Maritime : « Ô mon frère, ces adolescentes ne sont-elles donc pas mariées, que je ne vois pas de mâles parmi elles ? » Il répondit : « Celles que tu vois sont des jeunes filles vierges, et elles attendent à l’entrée de leurs demeures l’arrivée de l’époux qui viendra choisir parmi elles celle qui lui plaît. Car, en d’autres endroits de la mer, se trouvent des villes peuplées de mâles et de femelles, et d’où sortent les adolescents en quête de jeunes épouses ; car c’est ici seulement qu’ont droit de séjourner les jeunes filles, qui, de tous les points de notre empire, s’y rendent et vivent entre elles dans l’attente de l’époux ! » Et, comme il finissait cette explication, ils arrivèrent à une ville peuplée de mâles et de femelles ; et Abdallah le Terrien dit : « Ô mon frère, je vois là une ville peuplée, mais je n’y remarque point de boutiques où l’on vende et l’on achète ! Et puis je dois te dire que je suis bien étonné de voir que pas un des habitants n’est couvert d’habits qui le protègent quant aux parties qui doivent être tenues cachées ! » Il répondit : « Pour ce qui est de la vente et de l’achat, nous n’en avons aucun besoin, vu que la vie nous est facile et que notre nourriture consiste en poissons pêchés à portée de notre main. Mais pour ce qui est de cacher certaines parties de notre corps, d’abord nous n’en voyons pas la nécessité, et nous sommes constitués autrement que vous autres quant à ces parties-là ; et puis, nous