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histoire d’abdallah de la terre…
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de saphirs d’or et de topazes ; et une végétation de folie qui se dodelinait sur des espaces grands comme des royaumes ; et, au milieu des sables d’argent, les coquillages aux formes et aux couleurs par milliers qui se miraient éclatants dans le cristal des eaux ; et, tout autour de lui, en éclairs, des poissons qui ressemblaient à des fleurs, et des poissons qui ressemblaient à des fruits, et des poisons qui ressemblaient à des oiseaux, et d’autres, habillés d’écailles d’or rouge et d’argent, qui ressemblaient à de gros lézards, et d’autres qui figuraient plutôt des buffles, des vaches, des chiens et même des Adamites ; et des bancs immenses de royales pierreries qui lançaient mille feux multicolores que l’eau avivait, loin de les éteindre ; et des bancs où s’ouvraient les huîtres pleines de perles blanches, de perles roses et de perles dorées ; et d’énormes éponges gonflées et mobiles lourdement sur leur base qui s’alignaient en d’immenses rangées symétriques, comme des corps d’armées, et semblaient délimiter les différentes régions marines et se constituer les gardiennes fixes des vastitudes solitaires.

Mais soudain Abdallah le Terrien, qui, toujours au bras de son ami, voyait défiler devant lui, en une course rapide sur les abîmes, tous ces spectacles splendides, aperçut une innombrable suite de cavernes d’émeraude, taillées à même les flancs d’une montagne de la même gemme verte, et aux portes desquelles étaient assises ou étendues des adolescentes belles comme des lunes, aux cheveux couleur de l’ambre et du corail. Et elles ressemblaient aux adolescentes de la terre, n’eût été leur queue qui leur