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histoire d’abdallah de la terre…
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répondit : « Des milliers et des milliers, et Allah seul en sait le nombre ! » Le Terrien s’écria : « Alors dispense-moi de te faire cette visite, ô mon frère, car j’ai bien peur que cette espèce me rencontre et me mange ! » Le Maritime dit : « N’aie point cette peur, car le poisson dandane, bien que d’une férocité terrible, redoute Ibn-Adam dont la chair est un poison violent pour lui ! » L’ancien pêcheur s’écria : « Ya Allah ! mais à quoi ça me servira-t-il d’être un poison pour le dandane une fois que je serai avalé par le dandane ? » Le Maritime répondit : « Sois absolument sans crainte de ce dandane, car rien qu’en voyant Ibn-Adam il prend la fuite, tant il le redoute ! Et puis comme tu es enduit de sa graisse, il te reconnaîtra à l’odeur, et ne te fera point de mal ! » Et le Terrien, gagné par l’assurance de son ami, dit : « Je mets ma confiance en Allah et en toi ! » Et il se dévêtit et creusa dans le sable un trou où il enfouit ses habits, afin que personne ne les lui volât pendant son absence. Après quoi il s’enduisit de l’onguent en question depuis la tête jusqu’aux pieds, sans oublier les plus petites ouvertures, et, cela fait, il dit au Maritime : « Me voici prêt, ô Maritime mon frère ! »

Alors Abdallah de la Mer prit son compagnon par le bras et plongea avec lui dans les profondeurs marines…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.