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les mille nuits et une nuit

crainte à ce sujet, car je t’apporterai un onguent, dont tu t’enduiras le corps, et l’eau n’aura plus aucun pouvoir nuisible sur toi, même si tu devais y passer le reste de ta vie. Et de cette façon tu pourras plonger avec moi et parcourir la mer dans tous les sens, et y dormir et t’y réveiller, sans que jamais aucun mal t’arrive par n’importe quel endroit ! »

À ces paroles, le Terrien dit au Maritime : « Dans ce cas, il n’y a pas d’inconvénient à ce que je plonge avec toi. Apporte-moi donc l’onguent en question, afin que j’en fasse l’essai ! » Le Maritime répondit : « C’est ce que je vais faire ! » Et il prit avec lui le panier de fruits et plongea dans la mer, pour, au bout de peu d’instants, revenir tenant dans ses mains un vase rempli d’un onguent semblable à la graisse des vaches, et dont la couleur était jaune comme celle de l’or, et dont l’odeur était délicieuse absolument. Et Abdallah le Terrien demanda : « De quoi est composé cet onguent-là ? » Il répondit : « Il est composé avec la graisse du foie d’une espèce d’entre les espèces de poissons appelée dandane. Et ce poisson dandane est le plus énorme de tous les poissons de la mer, tellement que d’une seule bouchée il avalerait sans se gêner ce que vous autres, les terriens, appelez un éléphant et un chameau ! » Et l’ancien pêcheur, épouvanté, s’écria : « Et que peut bien manger cette funeste bête-là, ô mon frère ? » Il répondit : « Elle mange d’ordinaire les bêtes les plus petites qui naissent dans les profondeurs. Car tu connais le proverbe qui dit : Les faibles sont mangés par les forts ! » Le Terrien dit : « Tu dis vrai ! Mais y a-t-il chez vous autres beaucoup de ces dandanes-là ? » Il