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les mille nuits et une nuit

nous appelons les serviteurs d’Allah ! Or, comme tous les serviteurs d’Allah sont égaux devant le Très-Haut et frères par la foi et l’origine, je veux, ô Abdallah de la Terre, que tu ailles tout de suite me chercher ton ami Abdallah le Boulanger, afin que je le nomme mon second vizir ! »

Aussitôt Abdallah le Terrien alla chercher Abdallah le Boulanger que le roi, séance tenante, revêtit des insignes du vizirat, en le nommant son vizir de la gauche, comme Abdallah le Terrien était son vizir de la droite.

Et Abdallah, l’ancien pêcheur, remplit ses nouvelles fonctions avec tout l’éclat désirable, sans oublier un seul jour d’aller trouver son ami Abdallah de la Mer, et de lui porter un panier des fruits de la saison, en échange d’un panier de métaux précieux et de pierreries. Et lorsqu’il n’y eut plus de fruits dans les jardins et chez les vendeurs de primeurs, il remplit le panier de raisins secs, d’amandes, de noisettes, de pistaches, de noix, de figues sèches, d’abricots secs et de confitures sèches de toutes les espèces et de toutes les couleurs. Et chaque fois il rapportait sur sa tête le panier rempli de joyaux, comme à l’ordinaire. Et cela durant l’espace d’une année.

Or, un jour, Abdallah de la Terre, arrivé, comme toujours, à l’aurore sur le rivage, s’assit aux côtés de son ami Abdallah le Maritime, et se mit à causer avec lui sur les usages des habitants de la mer…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.