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les mille nuits et une nuit

gardait le silence et ne faisait aucun geste de négation. Et, après qu’il eut reçu la bastonnade préliminaire, il se laissa traîner devant le roi par le cheikh-bijoutier qui voulait lui faire avouer ses crimes et le faire pendre à la porte du palais.

Lorsqu’ils furent tous arrivés dans le diwân, le cheikh des bijoutiers dit au roi : « Ô roi du temps, lorsque le collier de la reine eut disparu, tu nous as fait prévenir, et tu nous as enjoint de retrouver le coupable. Nous avons donc fait tout notre possible et, avec l’aide d’Allah, nous avons réussi ! Voici donc, entre tes mains, le coupable et les pierreries que nous avons retrouvées sur lui ! » Et le roi dit au chef eunuque : « Prends ces pierreries et va les montrer à ta maîtresse. Et demande-lui si ce sont bien là les pierres du collier qu’elle a perdu ! » Et le chef eunuque alla trouver la reine, et, étalant devant elle les gemmes splendides, lui demanda : « Sont-ce bien là, ô ma maîtresse, les pierres du collier ? »

À la vue de ces pierreries, la reine fut à la limite de l’émerveillement, et répondit à l’eunuque : « Mais pas du tout ! Moi j’ai retrouvé mon collier dans le coffret. Quant à ces pierreries, elles sont de beaucoup plus belles que les miennes, et n’ont pas leurs pareilles dans le monde ! Va donc, ô Massrour, dire au roi d’acheter ces pierres pour en faire un collier à notre fille Prospérité qui est en âge d’être mariée. »

Lorsque le roi eut appris, par l’eunuque, la réponse de la reine, il entra dans une fureur extrême contre le cheikh des bijoutiers, qui venait d’arrêter ainsi et de maltraiter un innocent ; et il le maudit de toutes les malédictions d’Aâd et de Thammoud !