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les mille nuits et une nuit

en prétendant être son époux et en proclamant que je te l’avais accordée en mariage, alors que moi j’ai fait tuer tant de rois et de fils de rois qui voulaient me forcer à la leur donner comme épouse ? » Et, le roi excité par ses propres paroles, continua : « Et maintenant, toi aussi, qui pourra te sauver d’entre les mains de ma puissance quand je vais crier à mes esclaves l’ordre de te faire mettre à mort par la pire des morts, et qu’ils obéiront à l’heure et à l’instant ? »

Lorsque le prince Kamaralakmar eut entendu ces paroles du roi, il répondit : « En vérité, je suis stupéfait de ta courte vue et de l’épaisseur de ton entendement ! Dis-moi, pourras-tu donc jamais trouver pour ta fille un meilleur parti que moi ? Et as-tu jamais vu un homme plus intrépide ou mieux partagé ou plus riche en armées, en esclaves et en possessions que moi-même ? » Le roi répondit : « Non, par Allah ! mais, ô jouvenceau, j’eusse bien voulu te voir devenir l’époux de ma fille par devant le kâdi et les témoins ! Mais un mariage fait de cette façon secrète-là ne pourrait que détruire mon honneur ! » Le prince répondit : « Que tu parles bien, ô roi ! Mais ne sais-tu donc que si vraiment tes esclaves et tes gardes devaient, comme tu viens de m’en menacer, se précipiter tous sur moi et me mettre à mort, tu ne ferais que courir plus sûrement à la perte de ton honneur et de ton royaume, en rendant publique ta disgrâce et en forçant ton peuple lui-même à se tourner contre toi ? Crois-moi donc, ô roi ! Il ne te reste qu’un seul parti à prendre, et c’est d’écouter ce que j’ai à te dire et de suivre mes con-