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les mille nuits et une nuit

s’élança vers l’appartement de la princesse, où il trouva les servantes qui l’attendaient à la porte pâles et tremblantes, et leur demanda : « Qu’est-il arrivé à ma fille ? » Elles répondirent : « Ô roi, pendant que nous étions endormies nous ne savons ce qui est arrivé ; mais lorsque nous nous sommes réveillées nous avons trouvé dans le lit de la princesse un jeune homme que nous avons pris pour la pleine lune, tant il était beau, et qui causait avec elle d’une manière délicieuse et rassurante. Et vraiment nous n’avons jamais vu quelqu’un de plus beau que cet adolescent. Pourtant nous lui demandâmes qui il était, et il nous répondit : « Je suis celui à qui le roi a accordé sa fille en mariage ! » Plus que cela nous ne savons rien ! Et nous ne pouvons guère te dire s’il est un homme ou un genni. En tout cas nous pouvons t’assurer qu’il est aimable, bien intentionné, modeste, bien élevé, incapable de commettre un méfait quelque léger qu’il soit, ou de faire quelque chose de blâmable ! Comment, quand on est si beau, pourrait-on faire une chose blâmable ? »

Lorsque le roi eut entendu ces paroles, sa colère se refroidit et son inquiétude s’apaisa ; et, tout doucement et avec mille précautions, il souleva un peu la portière et il vit avec sa fille, couché à côté d’elle dans le lit et causant gentiment, un prince des plus charmants, dont le visage était éclatant comme la pleine lune.

Cette vue, au lieu d’achever de l’apaiser, eut pour résultat d’exciter au plus haut point sa jalousie paternelle et ses craintes au sujet du danger que courait l’honneur de sa fille. Aussi, se précipitant