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les mille nuits et une nuit

devait se rétrécir devant ton père, je suis prête à m’en aller ; et si ton père devait commettre des choses si odieuses, je n’hésiterais pas à le quitter et à m’enfuir d’ici, sans qu’il m’ait donné les provisions de route ; car Allah pourvoira ! »

À ces paroles, le prince Kamaralakmar lui dit : « Mais dis-moi enfin ce que signifie ce langage, et ce qui te rétrécit la poitrine et trouble tes humeurs ? » La jeune princesse répondit : « Ô mon unique frère, ô le chéri, sache que mon père m’a promise en mariage à un vieux savant, un horrible magicien, qui lui a apporté, en cadeau, un cheval en bois d’ébène, et lui a certainement jeté un sort au moyen de sa sorcellerie et l’a abusé avec son astuce et sa perfidie ! Quant à moi, je suis bien résolue plutôt que de me donner à ce vieux laid, à ne plus être de ce monde ! »

Son frère se mit alors à la calmer et à la consoler en la caressant et la cajolant, puis se hâta d’aller trouver le roi son père et lui dit : « Qu’est-ce que c’est que ce sorcier à qui tu as promis en mariage ma sœur la petite ? Et qu’est-ce que c’est que ce cadeau qu’il t’a apporté, pour te décider ainsi à faire mourir ma sœur de chagrin ? Cela n’est pas juste et ne peut arriver ! »

Or, le Persan était tout près de là, et il entendait ces paroles du fils du roi, et il en était bien furieux et bien mortifié.

Mais le roi répondit…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.