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les mille nuits et une nuit

comme autant de belles lunes dans un ciel plein de gloire ou comme trois fleurs merveilleuses d’éclat dans un parterre bien soigné, et un fils qui était la lune elle-même, et s’appelait Kamaralakmar[1].

Chaque année, le roi donnait à son peuple deux grandes fêtes, une au commencement du printemps, celle du Nourouz, et une autre à l’automne, celle du Mihrgân ; et, à ces deux occasions, il faisait ouvrir les portes de tous ses palais, distribuait des largesses, faisait proclamer des édits de grâce par ses crieurs publics, nommait de nouveaux dignitaires, et faisait avancer en grade ses lieutenants et ses chambellans. Aussi de tous les points de son vaste empire accouraient les populations pour rendre hommage à leur roi et le réjouir en ces deux jours de fête en lui portant des présents de toutes sortes et des esclaves et des eunuques en cadeau.

Or, à l’une de ces fêtes, qui était précisément la fête du printemps, le roi, qui à toutes ses qualités joignait l’amour de la science, de la géométrie et de l’astronomie, était assis sur le trône de son royaume quand il vit s’avancer devant lui trois savants, hommes forts versés dans les diverses branches des connaissances les plus secrètes et des arts les plus subtils, sachant modeler les formes avec une perfection qui confondait l’entendement, et n’ignorant aucun des mystères qui échappent d’ordinaire à l’esprit humain. Et ces trois savants arrivaient dans la ville du roi, venant de trois contrées différentes et parlant chacun une langue différente : le premier

  1. Kamar Al-Akmar : lune des lunes.