Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
rose-dans-le-calice et délice-du-monde
65

robes magnifiques, des cadeaux et des présents. Après quoi, Rose-dans-le-Calice donna l’ordre à ses esclaves de faire évacuer pour elle seule le hammam du palais, et dit à Délice-du-Monde : « Ô fraîcheur de mon œil, je veux maintenant te voir enfin au hammam, pour être tous deux seuls à notre aise ! » Et, arrivée à ce moment à la limite du bonheur, elle improvisa ces vers :

« Ami, qui depuis si longtemps domines mon cœur — je ne veux plus parler des choses anciennes —,

« Ô toi dont je ne pourrai plus me passer et que je ne pourrai plus remplacer dans mon intimité,

« Viens au hammam, ô lumière de mon œil ! Ce me sera un enfer de flammes au milieu de paradis de délices !

« Nous y brûlerons le parfum du nadd, jusqu’à ce que les vapeurs embaumées remplissent toute la salle et se répandent dans tous les sens.

« Nous pardonnerons à la destinée ses crimes à notre égard, et nous glorifierons la bonté de notre Seigneur !

« Et moi, en te voyant dans le bain, je chanterai : « Que le bain, ô bien-aimé, te soit léger et délicieux ! »

Une fois ces vers récités, les deux amants se levèrent et se rendirent au hammam où ils purent jouir de fort agréables moments. Après quoi ils revinrent au palais, où ils passèrent leur vie dans les félicités les plus intenses jusqu’au moment où vint les visiter la Destructrice des plaisirs et la Séparatrice des amis !