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les mille nuits et une nuit

arrivés au palais dont ils heurtèrent la porte. Aussitôt la porte s’ouvrit et un eunuque en sortit qui reconnut immédiatement son maître, le vizir Ibrahim, père de Rose-dans-le-Calice. Aussitôt il lui baisa la main et l’introduisit, avec son compagnon et sa suite, dans le palais.

Le vizir Ibrahim, arrivé dans la cour du palais, aperçut au milieu des serviteurs un homme d’aspect misérable qu’il ne reconnut pas et qui n’était autre que Délice-du-Monde. Aussi il demanda à ses gens : « D’où vient celui-là ? » Ils répondirent : « C’est un pauvre marchand qui, ayant fait naufrage, a perdu toutes ses marchandises et a réussi à se sauver tout seul. C’est d’ailleurs un homme inoffensif, un saint sans cesse ravi dans l’extase de la prière ! » Le vizir n’insista pas et pénétra à l’intérieur du palais.

Il se dirigea vers l’appartement de sa fille et, en y arrivant, ne l’y trouva pas. Il s’en informa auprès des jeunes filles, ses esclaves, qui se trouvaient par là ; et elles lui répondirent : « Nous ne savons pas comment elle est partie d’ici ! Tout ce que nous pouvons te dire, c’est qu’elle n’est restée au milieu de nous que fort peu de temps ; puis elle disparut ! » À ces paroles, le vizir versa des larmes à profusion, et improvisa ces vers :

« Ô maison, toi qu’ont chantée tes oiseaux, toi dont les seuils ont été si fiers et si beaux,

« Jusqu’au moment où l’amoureux est venu vers toi sanglotant son désir, et a trouvé large ouvertes tes portes hospitalières.