duisent en cendres, je pleure des larmes de sang dont le débordement inonde mes joues ; et je m’écrie :
« La créature ne se fortifie que par les épreuves. Aussi je veux prendre mes maux en patience.
« Et si Allah veut permettre ma réunion, avec la maîtresse de mon cœur, je dépenserai mes richesses à héberger la tribu des amoureux, mes semblables.
« Je relâcherai les oiseaux de leur prison, et, dans mon bonheur, je me dévêtirai de mon deuil ! »
Lorsqu’il eut fini de réciter ces vers, il s’approcha de la troisième cage et vit qu’elle contenait un rossignol qui, sitôt qu’il l’eut aperçu, se mit à chanter. En l’entendant, Délice-du-Monde récita ces vers :
« Ô ! que le rossignol m’enchante quand il fait entendre sa voix gentille qui ressemble à une amoureuse voix languissante d’amour.
« Pitié pour les amoureux ! Que de nuits ne passent-ils point dans les transes, les désirs et l’inquiétude !
« Ils semblent, tant leurs angoisses sont cruelles, n’avoir jamais connu que les nuits sans sommeil et sans matin !
« Pour moi dès que j’eus connu mon amie, je fus enchaîné par son amour ; et, enchaîné de la sorte, des chaînons de larmes se déroulent de mes yeux.
« Et je m’écriai : « Voici de mes yeux les chaînons qui se déroulent et m’enchaînent tout entier. Et c’est mon ardeur qui déborde sous cette forme !
« En même temps je suis brisé par l’éloignement de l’amie. Les trésors de ma patience sont épuisés, et mes forces sont anéanties.