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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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« Si comme moi, ô tourterelle, tu es éperdue d’amour, invoque le Seigneur et roucoule : « Ô généreux ! »

« Qui sait si ton chant est un cri d’allégresse ou la plainte d’amour d’un cœur torturé !

« Gémis-tu à cause du départ de ton ami, ou parce qu’il t’a délaissée faible et languissante, ou bien parce que tu as perdu l’objet de ton amour ?

« S’il en est ainsi, ne crains point d’exhaler tes plaintes et de crier l’amour ancien qui te remplit le cœur.

« Pour moi, qu’Allah conserve mon bien-aimé et je promets de ne jamais l’oublier, mes os seraient-ils déjà poussière ! »

Lorsqu’il eut récité ces vers, il se mit à pleurer tellement qu’il tomba évanoui. Et lorsqu’il eut repris connaissance, il marcha jusqu’à ce qu’il fût arrivé devant la seconde cage, où il vit un ramier qui à sa vue se mit à chanter disant : « Ô Éternel ! je te glorifie ! » Alors Délice-du-Monde soupira longuement et récita ces vers :

« Le ramier plaintif a dit : Ô Éternel, je te glorifie malgré mes calamités !

» Ô Éternel ! j’espère que dans ta bonté tu permettras ma réunion avec la bien-aimée, en ce pays d’exil.

» Que de fois elle m’est apparue avec ses lèvres de miel aromatique, et m’a laissé plus embrasé que jamais.

» Tandis que les feux consument mon cœur et le ré-