Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/349

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de jouder le pêcheur…
341

« Ô toi, caractère généreux, enfant issu d’illustres ancêtres et d’une noble race, ne me reproche pas ce que j’ai pu commettre à ton égard dans le passé !

« De même que nous serions prêt à te pardonner si tu étais coupable de quelque méfait, de même, si nous sommes coupables, pardonne-nous. »

Et il ne cessa de s’humilier de la sorte entre les mains de Jouder, jusqu’à ce que Jouder lui eût dit : « Qu’Allah te pardonne ! » et lui eût permis de s’asseoir ; et il s’assit. Alors Jouder l’investit de la robe de la sauvegarde, et donna l’ordre à ses frères de tendre la nappe et de servir des mets extraordinaires et nombreux. Et, après le repas, il donna de beaux vêtements à tous les gens de la suite du roi, et les traita avec égards et générosité. Alors seulement le roi prit congé de Jouder et sortit du palais ; mais ce fut pour y retourner tous les jours passer tout son temps avec Jouder ; et même ce fut chez lui qu’il assemblait son Diwân et présidait aux affaires du royaume. Et l’amitié et la camaraderie entre eux deux ne fit que s’accroître et se consolider. Et ils vécurent de la sorte un certain temps.

Mais un jour le roi, se trouvant seul avec son grand-vizir, lui dit : « Ô vizir, moi j’ai bien peur que Jouder ne me tue et ne me dépouille de mon trône…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.