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les mille nuits et une nuit

lement, pendant que l’autre œil était fermé, lui souffla au visage et, de ce souffle, le renversa sur le sol. Puis il lui enleva des mains la masse d’armes, et lui en asséna quatre coups, sans plus !

À cette vue, les cinquante guerriers de l’émir furent indignés et, ne pouvant supporter l’affront infligé à leur chef, tirèrent leurs glaives et se précipitèrent sur l’eunuque pour le massacrer. Mais l’eunuque sourit avec calme et leur dit : « Ah ! vous tirez vos glaives, ô chiens ! Attendez un peu ! » Et il en saisit quelques-uns et leur plongea dans le ventre leurs propres glaives, et les noya dans leur propre sang ! Et il continua à les mettre en pièces, tellement que les autres, pris d’épouvante, s’enfuirent et ne s’arrêtèrent, avec leur émir en tête, que devant le roi, tandis que Tonnerre venait reprendre sur la chaise sa pose nonchalante.

Lorsque le roi eut appris de l’émir Othman ce qui venait de se passer, il fut à la limite de la fureur, et dit : « Que cent guerriers aillent contre cet eunuque ! » Et les cent guerriers, arrivés devant la porte du palais, furent reçus par l’eunuque à coups de masse d’arme, et étrillés et mis en fuite en un clin d’œil. Et ils revinrent dire au roi : « Nous avons été dispersés et terrifiés par lui ! » Et le roi dit : « Que deux cents descendent contre lui ! » Et les deux cents descendirent et furent taillés en pièces par l’eunuque. Alors le roi cria à son grand-vizir : « Tu vas maintenant toi-même descendre contre lui avec cinq cents guerriers et le traîner devant moi à l’instant ! Et tu m’amèneras également son maître Jouder avec ses deux frères ! » Mais le grand-vizir répondit :