« Ô mon âme, comment oublieras-tu tes chagrins, tes peines et tes fatigues ?
« Toutes les calamités sont venues une à une vieillir mon cœur
« Et blanchir ma tête dès ma jeunesse première.
« Nul secours pour adoucir la passion qui me consume,
« Nul ami pour alléger le fardeau qui pèse sur mon âme.
« Ah ! qui saura dire les tourments de mes désirs,
« Maintenant que la destinée s’est tournée contre moi ?
« Ô ! grâce, pitié pour le pauvre amoureux désolé,
« Celui qui a bu le calice de la séparation et de l’abandon !
« Le feu est dans ce cœur ; les entrailles sont consumées,
« Et la raison s’est envolée tant la séparation l’a torturée !
« Nul jour ne me fut plus terrible que celui de ma venue dans sa demeure,
« Quand j’ai vu les vers écrits sur la porte !
« Oh ! j’ai bien pleuré ! J’ai fait boire à la terre mes larmes brûlantes,
« Mais j’ai tu mon secret aux proches et aux étrangers.
« Ô ermite qui as cherché le refuge de cette grotte pour ne rien voir de ce monde,
« Peut-être as-tu toi-même goûté à l’amour, et que ta raison aussi s’est envolée !
« Mais moi pourtant, malgré ceci et cela, malgré tout cela,