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les mille nuits et une nuit

« Ô mon âme, comment oublieras-tu tes chagrins, tes peines et tes fatigues ?

« Toutes les calamités sont venues une à une vieillir mon cœur

« Et blanchir ma tête dès ma jeunesse première.

« Nul secours pour adoucir la passion qui me consume,

« Nul ami pour alléger le fardeau qui pèse sur mon âme.

« Ah ! qui saura dire les tourments de mes désirs,

« Maintenant que la destinée s’est tournée contre moi ?

« Ô ! grâce, pitié pour le pauvre amoureux désolé,

« Celui qui a bu le calice de la séparation et de l’abandon !

« Le feu est dans ce cœur ; les entrailles sont consumées,

« Et la raison s’est envolée tant la séparation l’a torturée !

« Nul jour ne me fut plus terrible que celui de ma venue dans sa demeure,

« Quand j’ai vu les vers écrits sur la porte !

« Oh ! j’ai bien pleuré ! J’ai fait boire à la terre mes larmes brûlantes,

« Mais j’ai tu mon secret aux proches et aux étrangers.

« Ô ermite qui as cherché le refuge de cette grotte pour ne rien voir de ce monde,

« Peut-être as-tu toi-même goûté à l’amour, et que ta raison aussi s’est envolée !

« Mais moi pourtant, malgré ceci et cela, malgré tout cela,