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« Cette merveilleuse beauté plus éclatante que la lune !

« Je me suis vu terrassé, le cœur transpercé par les flèches

« Décochées sans arc par de larges yeux merveilleusement fendus.

« Il m’a séduit par l’harmonie de ses mouvements et sa souplesse,

« Sa souplesse que n’égalerait la flexibilité du jeune rameau sur la tige du saule.

« De toute mon âme je l’implore pour être secouru dans mes peines et mes chagrins.

« Mais il m’a réduit au triste état où vous me voyez

« Et son regard séducteur a seul causé ma perte. »

Lorsqu’il eut fini de réciter ces vers, il se mit à pleurer tellement qu’il tomba sans connaissance et resta longtemps dans cet état. Mais, une fois qu’il fut revenu de son évanouissement, il tourna la tête à droite et à gauche et, comme il se voyait dans un désert sans habitants, il eut bien peur de devenir la proie des animaux sauvages et se mit à gravir une haute montagne, sur le sommet de laquelle il entendit, sortant d’une caverne, les sons d’une voix humaine. Il écouta attentivement la voix et reconnut que c’était celle d’un ermite qui avait quitté le monde et s’était voué à la dévotion. Il s’approcha de cette caverne et en heurta trois fois la porte sans obtenir une réponse de l’ermite, et sans le voir sortir. Alors il soupira profondément et récita ces vers :

« Ô mes désirs, comment arriverez-vous à votre but ?