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les mille nuits et une nuit

droit d’en user déjà notre guise ! » Et aussitôt ils se disposèrent à en faire le partage entre eux deux. Mais ils ne purent tomber d’accord sur la possession du sac enchanté ; car Salem disait : « Moi je le prends ! » et Salim disait : « Moi je le prends ! » et la discussion s’établit entre eux et la querelle ! Alors leur mère dit : « Ô mes enfants, vous avez partagé entre vous deux le sac de l’or et des joyaux ; mais ce sac-ci ne peut guère être partagé ni divisé, sinon son charme serait rompu et il perdrait ses vertus. Mais laissez-le moi plutôt ; et moi, tous les jours, j’en tirerai les mets que vous désirerez et autant de fois que vous le désirerez. Et pour ce qui me regarde, je me promets de me contenter du morceau de pain ou de la bouchée que vous me laisserez. Et si vous vouliez bien me donner, en outre, ce qui me serait nécessaire comme vêtements, ce serait par pure générosité de votre part, et non point par obligation. De la sorte chacun de vous pourra, sans nul empêchement, faire le commerce qui lui plaît ! Je n’oublie point que vous êtes mes deux enfants, et que je suis votre mère. Restons unis et d’accord, pour que, au retour de votre frère, vous n’ayez rien à vous reprocher ni n’ayez honte devant lui de vos actions ! » Mais ils ne voulurent point accepter ses conseils, et passèrent leur nuit à discuter entre eux à haute voix et à se quereller si fort qu’un archer du roi, qui était invité dans la maison voisine, entendit tout ce qu’ils disaient et comprit point par point tout le motif du litige. Aussi dès le lendemain il se hâta d’aller au palais demander une audience au roi d’Égypte, qui s’appelait Schams Al-Daoula, et lui