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histoire de jouder le pêcheur…
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et les retira aussitôt pour les porter à ses fils qui lui dirent : « Ô notre mère, ces mets sont chauds, et nous ne te voyons jamais cuisiner ni souffler sur le feu ! » Elle répondit : « Je les tire du sac ! » Ils demandèrent : « Et qu’est-ce donc que ce sac ? » Elle répondit : « C’est un sac enchanté ! Et toutes les demandes qu’on lui fait sont exécutées par le genni serviteur du sac ! » Et elle leur expliqua la formule et leur dit : « Gardez-en le secret ! » Ils répondirent : « Sois tranquille. Le secret sera gardé ! » Et, après avoir éprouvé eux-mêmes les vertus du sac et réussi à en tirer plusieurs mets, ils se tinrent tranquilles ce soir-là.

Mais le lendemain Salem dit à Salim : « Ô mon frère, jusqu’à quand allons-nous continuer à demeurer chez Jouder dans cette situation de domestiques, en mangeant de ses aumônes ? Ne penses-tu pas qu’il vaut mieux que nous imaginions une ruse pour prendre ce sac et l’avoir à nous tout seuls ! » Salim répondit : « Quelle ruse pourrions-nous combiner ? » Il dit : « Vendre tout simplement notre frère Jouder au chef-capitaine de la mer de Suez ! » Il demanda : « Et comment ferons-nous pour le vendre ? » Salem répondit : « Nous irons, toi et moi, trouver ce chef-capitaine, qui est en ce moment au Caire…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.